On peut (vraiment) plus rien dire - Outrage en ligne, pour qui ?

On peut (vraiment) plus rien dire - Outrage en ligne, pour qui ?

Sous couvert de lutte contre le cyberharcèlement, plutôt que de donner des moyens à la justice et à l’éducation, le Parlement a eu une idée de génie (non).

Sauf que cet “outrage en ligne” est surtout un outrage à la liberté d’expression, puisqu’il s’agit de punir tout contenu qui présente un caractère injurieux, dégradant ou humiliant OU qui crée une situation intimidante, hostile ou offensante.  En gros, il s’agit d’interdire la publication de contenu qui ne plait pas à une personne.

Le texte s’applique aux “contenus en ligne”, même sur les messageries privées donc. Askip c’est pour “sécuriser” l’espace numérique. La sacro-sainte sécurité vous savez, celle qui justifie toutes les atteintes à nos libertés fondamentales.

Imaginons donc, mes blagues sur la calvitie des hommes ? Outrage en ligne ! Des contenus sur le génocide en Palestine ? Outrage en ligne ! Ma revue de presse misandre ? Outrage en ligne ! Une critique de Darmanin ? Outrage en ligne ! Le titre de mon dernier livre ? Outrage en ligne ! Un retweet pour se plaindre d’Aurore Bergé ? Outrage en ligne ! Une accusation de violences sexuelles ? Outrage en ligne ! Une dénonciation du racisme systémique et des violences policières ? Outrage en ligne !

Alors oui, ça marcherait aussi dans l’autre sens : racisme, antisémitisme, antisémitisme, validisme, etc. Sauf que... le texte prévoit que ce soit une amende forfaitaire délictuelle (AFD).

En gros, ce serait les forces de l’ordre qui seraient en charge de retenir ou non l’infraction. Vous savez, ces personnes qui ont à coeur de défendre la veuve et l’orphelin (non).

Il y a de fortes chances pour que ce texte soit rétoqué par le conseil constitutionnel, puisque c’est une atteinte complètement disproportionné à la liberté d’expression, mais en plus qui est contraire au principe de légalité, puisque le texte est trop vague pour pouvoir respecter la stricte définition de la loi pénale.

On se retrouve une nouvelle fois face à une volonté institutionnelle de censure. Si ce n’est pas une dérive fasciste, je ne sais pas comment on doit appeler ça. Quoi qu’il en soit, n’oublions pas : mourir libre ou en sécurité, mieux vaut mourir libre. D’autant qu’on sait de quelle sécurité il s’agit : de la sécurité des puissants.

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