Pas de vague, un film misogyne
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Cette semaine, exceptionnellement, on va parler d’un film. Le grand gagnant est Pas de vague par Teddy Lussi-Modeste.
Synopsis
Julien, un jeune professeur de lettres, est accusé à tort de harcèlement par l'une de ses élèves, Leslie. Alors qu'il tente de prouver son innocence, il doit faire face à des pressions multiples de la part du frère aîné de la jeune fille et de ses camarades de classe. La rumeur se propage bientôt dans tout le collège. Julien cherche du soutien auprès de ses collègues et de sa hiérarchie, mais devant le risque d'embrasement, un seul mot d'ordre : ne pas faire de vagues.
Pour vous en parler, Chloé Thibaud et moi, on s’est tapé ce film “puissant et nécessaire” d’après Première. On s’attendait à rien, on s’est même dit, “peut-être” qu’on a tort, qu’on se trompe, que ce film a des choses à nous dire”. C’était même pire que ce qu’on pensait.
Alors que ce film aurait pu, comme annoncé, parler du problème du manque de soutien de l’administration dans les difficultés que rencontrent des professeurs de bonne volonté... bah pas vraiment. Inspiré de faits réels ? Cette histoire se base sur le ressenti, oui, je dis bien le ressenti, du réalisateur qui aurait vécu cette histoire. Pourquoi je vous parle d’un ressenti ? Bah parce qu’on a que sa version des faits. Et avoir la version d’un homme accusé de violences sexistes ou sexuelles, c’est au mieux une simple part de vérité, au pire, une version fausse des faits.
A la place, on s’est retrouvé face à un film plein de clichés. Dénonciation d’une cabale post-metoo. Racisme. Instrumentalisation de sa propre homosexualité. Sexisme. Tout y était, sauf une critique profonde et effectivement nécessaire de l’Education nationale.
ATTENTION SPOILERS
Accusé à tort ?
Le film commence par ce qu’il aimerait présenter comme un quiproquo, mais est en réalité, simplement une erreur de sa part. Il veut présenter l’astéisme, une figure de style qui vise à complimenter quelqu’un en la blâmant. Pour donner un exemple, il choisit l’élève la plus réservée, qui veut juste ne pas exister et être tranquille : “si je dis que Leslie ne devrait pas être autorisée à présenter autant de beauté avec sa nouvelle coiffure, c’est un astéisme”.
Evidemment la classe s’enflamme et dit qu’il veut gérer son élève.
Bah oui Teddy, en fait les femmes, et encore moins les jeunes filles, n’ont pas envie d’être réduite à leur corps, d’autant plus quand elles veulent juste.. étudier au calme.
Bref les péripéties de “la cabale” s’enchainent et finalement tout ça partirait d’une autre élève, à qui - selon lui - il n’aurait pas donné suffisamment d’attention et donc se serait vengée en montant la tête de Leslie.
On a donc deux clichés bien sexistes : l’accusation à tort qui découlerait d’un malentendu une jeune fille en mal d’attention d’une figure d’autorité paternelle et qui se venge contre le pauvre petit prof rempli de bonnes intentions.
A aucun moment on ne le voit s’excuser, à aucun moment on ne le voit se remettre en question.
Non, il est seul contre tous, enfin toutes surtout. Oui, parce que même si finalement les menaces de mort qu’il réçoit émanent du frère de Leslie qui est violent avec sa soeur et sa mère, au point qu’elles craignent pour leurs vies ; même si la personne qui refuse de le protéger est le directeur d’établissement.. ce qui est davantage montré, voire caricaturé, ce sont ses collègues féminines : l’une le drague et ce serait pour ça qu’elle est gentille, d’ailleurs au moment où elle comprend qu’il n’y aura rien de possible... elle lui fait la gueule. l’autre le culpabilise en lui disant que c’était une erreur de sa part de vouloir inviter les élèves les plus méritants au kebab (a-t-elle tort ?) Mais vous ne comprenez pas, il n’a pas pu réellement avoir un comportement inappropié avec une élève puisque... retournement de situation... il est gay ! Bah oui, forcément, un homme gay ne pourrait pas avoir de comportement sexiste. C’est bien connu. (n’allez pas vous lacher en commentaires pour dire que les hommes gays sont plus misogynes que les autres hein, non plus, donc on va éviter sinon : bloqué). Mais surtout, il ne révèle pas qu’il est gay parce que.... il est prof à Aubervilliers et ... les quartiers aiment pas les gays. C’est bien connu, parce que dans les quartiers, y a des arabes, et les arabes sont homophobes*. Oui, c’est présenté comme ça, et oui, c’est raciste.
Finalement, la paupérisation du métier, le peu de moyens mis à disposition du corps enseignant, la solitude qu’il peut ressentir face à l’administration, tout ça n’est pas vraiment abordé, c’est à peine accessoire.
Le réalisateur ne prend même pas la peine de finir le film, puisqu’il fini sur un gros plan de lui en pleurs complètement traumatisé par des adolescents qui imitent des cris d’animaux.
Qu’en est il de la plainte de la plaignantes ? Qu’est-elle devenue ? Que va-t-elle devenir suite à la sortie de ce film ? On sait pas.
On sait en revanche, qu’encore une fois une carrière a été tellement brisée qu’elle fait des films salués par la critique.
*je ne suis pas d’accord avec ces propres mais c’est clairement ce qui est sous-entendu.